Pour la 1ere fois, depuis ma première contribution électorale en 1983, je vais m’abstenir de voter volontairement.
Enfin presque, je dois reconnaitre qu’en 2002 je n’ai pas pu mettre un bulletin Chirac dans l’urne, même avec une pince à linge sur le nez. Il m’était impossible de voter pour l’homme de la grotte d’Ouvéa, complice également des « voltigeurs motocyclistes » qui, le 6 décembre 1986, tabassèrent à mort Malik Oussekine, un jeune étudiant de 22 ans. Ce qui ne m'a pas empéché de manifester contre le borgne d'extrême droite.
Il y a des raisons locales, je l’avais déjà exprimé dans un billet qui est ici, mais il y a essentiellement une volonté d’exprimer à notre classe politique bien au chaud, bien habillée, bien payée, bien sous tous rapports, un avertissement sévère.
Pendant dix longues années, nous avons tous supporté des gouvernements de droite, qui ont même fini avec Sarkozy par avoir des relents d’extrême droite avec des appels permanents à la détestation de l’autre, l’étranger, le musulman, le rom mais aussi le pauvre, l’ « assisté », le pas rentable.
En 2007 nous pouvions éviter cette purge réac « blingbling » que nous a infligé la sous-gouvernance Fillon, mais déjà à l’époque nous avons été trahis, puisqu’une grande partie des dirigeants du parti socialiste a choisi de jouer la carte du sacrifice de la gauche pour miser sur les élections de 2012.
Puis sont arrivées les élections présidentielles d’avril et mai 2012, il fallait virer le plus calamiteux des président de la Vème république et voter pour le candidat François Hollande qui promettait et signait qu’enfin les responsables des crises successives allaient contribuer au redressement des comptes publics qu’ils pompent depuis 30 ans.
Le 6 mai 2012, les socialistes, les écologistes, les frontdegauchistes, les extrêmegauchistes, les syndicalistes, les humanistes (je connais même des anarchistes) nous avons quasiment tous décidé de voter pour l’homme qui promettait, dur comme fer, qu’il allait enfin réguler et remettre à sa place les rois de la finance.
« Je vais vous confier une chose. Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. Désormais, il est possible en une fraction de seconde de déplacer des sommes d’argent vertigineuses, de menacer des Etats ... » François Hollande, discours du Bourget, le 22 janvier 2012
Souvenons-nous aussi de la lettre de François Hollande à Arnaud Montebourg dans l’entre-deux tours des primaires socialistes: « Je veux d’abord te dire mon accord sur la nécessité de reprendre le contrôle politique du système financier. »
Mais ça c’était avant, avant d’obtenir le poste, un storytelling bien orchestré par une multitude de communicants, de think-tanks, d’officines proches de la dite finance. Dans les faits voilà ce qui s’est passé :
- Hollande a signé le Traité sur la stabilité, la consolidation et la gouvernance (TSCG) et la France n’a pas changé d’un cil la politique d’austérité prônée par l’UE via Angela Merkel.
- La loi sur la séparation des activités de crédit des opérations spéculatives des banques est une baudruche pour amuser les gogos.
- La « grande réforme fiscale », aux oubliettes, les pigeons volent et font des « hug », de nouveaux contribuables à faibles revenus sont créés, retour de la taxe carbone, bidouillage de la TVA.
- Le ministre des finances, normalement de tous les français, déclare : « Je dois être le ministre des entreprises. »
- Le chômage est à un niveau record, la pauvreté et la précarité semblent les seules perspectives offertes aux français et le ministre du travail se moque carrément des salariés les moins bien lotis : « Toujours plus riches, plus puissants et plus libres »
- Le gouvernement dit de « gauche » a fait pire que Sarkozy. Roms : nette augmentation (+11 000) des évacuations forcées organisées par les forces de l’ordre en 2013... Sans parler de la volte-face sur la loi famille et la PMA...
Je n’attendais pas l’arrivée du collectivisme et le goulag pour les banquiers et les spéculateurs véreux, mais une action immédiate de justice sociale et fiscale après tant d’années de promotion du « chacun pour sa gueule ». Mais c’était sans compter sur la puissance extravagante de l’argent qui corrompt les esprits et les actes. C’est un peu comme le mérule, ce champignon qui pourrit les fondations derrière le Placoplatre. La liste des actions néfastes est longue et se cache souvent dans le détail, l’aberrante histoire de la taxe sur les transactions financières en est un exemple criant.
Inutile de venir ici faire du démarchage pour le « vote utile » ou attention « Sarkozy le retour saison 1, 2 ou 3 » parce que comme l’indique le Baromètre du JDD : « Hollande lâché par la gauche »
Le parti socialiste, enfin parlons plutôt du PSD, a choisi son camp (EELV aussi au passage), celui de l’austérité et du repli social, je choisis le mien, l’abstention militante (le vote blanc n’ayant aucun impact sur les décisions).
NB Je ne parle pas ici du Front de Gauche, pour lequel j’ai le plus grand respect et ce ne sont pas des mots pour faire joli, je n’y comprends juste rien à sa stratégie avec certains communistes qui vont à la soupe municipale. J’espère que prochainement ils trouveront un terrain d’entente avec par exemple le petit parti Nouvelle Donne pour offrir à des millions de français une alternative au libéralisme qui nous est imposé depuis bien trop longtemps.
J’ajoute que pour les européennes il ne sera sans doute pas question de s’abstenir, mais bien de choisir les candidats les moins susceptibles de céder aux lobbys.
Le printemps des expulsions arrive...
A lire ou à relire:
- Saloperie de chômage
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